Pray for Nice - 14.07.2016

"Ils voulaient juste admirer le ciel, pas le rejoindre."


Je ne pense pas être très originale en écrivant un article sur ce sujet, et en même temps je ne cherche pas à l'être. Cela fait un moment que ça me trotte dans la tête, et au bout d'un moment faut qu'ça sorte. J'aimerais le crier de ma fenêtre, l'hurler dans la rue, mais je préfère vous parler à vous, calmement posée, juste mettre des mots, comme des pansements sur des plaies.

Je voudrais vous parler de ce que je ressens. Mon petit coeur souffre, comme celui de beaucoup d'entre vous.

Nous savons tous ce qui s'est passé cette nuit là, nous n'y étions peut-être pas mais nous soutenons et comprenons du mieux que nous pouvons les personnes présentes, les personnes qui y ont perdus la vie, qui y ont laissé une trace, et leurs familles.

J'ai beau me réveiller chaque matin en pensant que ce n'est qu'un mauvais rêve, y'a rien à faire, la réalité vient me frapper en pleine gueule.

Pourquoi ? Pourquoi faire ça ? Comment des personnes peuvent ne pas avoir d'âme, ne pas avoir de cœur à ce point ? Je me sens si impuissante vis-à-vis de ça, et même de ces questions dont je n'arrive pas à savoir la réponse. Mais au fond, y'en a-t-il vraiment une ?

Je me livre à vous en espérant soulager un peu ma peine, paraît qu'écrire ça fait du bien, alors je me lance.

J'ai été affecté par Charlie Hebdo, d'une part parce que c'était le premier attentat et qu'il n'a pas laissé la France indemne, et d'autre part parce qu'il y avait une ambiance solennel et triste ce jour-là au lycée. J'ai été affecté par le Bataclan, parce que les gens voulaient seulement écouter de la musique, vivre, oui, vivre, mais au lieu de ça on leur a ôté la vie. J'ai été affecté par le Mali, Istanbul, Orlando et bien d'autres. Mais Nice, ça a été le pire de tous.

15 juillet - 8h Je me réveille péniblement et entend mon père raconter ce qui s'est passé la veille. Sursaut. Mon coeur s’accélère. Vite je regarde mon téléphone. Un couple d'amis y était.
Et je revois ses photos où ils étaient tellement heureux, où ils passaient un moment formidable, et je revois ce sourire et cette joie, même pas une heure avant le drame. Ils vont bien. Ils sont en sécurité. Soulagée.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Ils étaient sur les lieux. Ils étaient là-bas quand ça s'est produit. Ils étaient à 2 cm du camion quand il a déboulé pour tuer tous ces gens. Il a tourné la tête et a vu le camion, il l'a tiré juste avant que le camion ne passe. Et si deux secondes plus tôt il n'avait pas tourné la tête ? Et si une seconde avant il n'avait pas tiré son bras ? Et s'il n'avait pas eu ce réflexe ?

On parle des victimes, des familles, mais il ne faut pas oublier les victimes atteintes psychologiquement. Ce sont des moments que l'on oublie pas et qui ont un impact sur notre vie. C'est à ce moment-là qu'on se rend compte que la vie est précieuse.

Nice m'a beaucoup touché, parce que j'aurais pu perdre des amies, parce que même de les savoir en vie, ça fait mal. C'est un mal indélébile.

Ils se sont cachés, ils ont vu ce qui s'est passé de leurs propres yeux. Rien que nous, à voir les informations, les photos, la radio, etc, on est bouleversé et on a mal, alors imaginez eux, toutes ces victimes, ces personnes qui étaient là et qui ont tout vu, ils restent avec ce souvenir à vie.

Je m'imagine la scène qu'on m'a expliqué en détails, j'imagine ces gens heureux d'avoir vu un feu d'artifices, de fêter le 14 juillet, j'imagine cette peur, ces cris, ce camion qui sort de nul part, j'imagine ces familles courir dans tous les sens, j'imagine les courageux qui ont préférés donner leur vie pour en sauver une autre, j'imagine ce chaos, j'imagine ces personnes qui ont essayé d'arrêter le camion, j'imagine cette haine, j'imagine ces visages perdus, j'imagine tout ça et j'ai mal, pourtant je ne l'ai pas vécu, pourtant je n'y étais pas. Mais je ne peux qu'imaginer. Je ne le vis pas. Je ne vie pas la douleur qui reste après ça.
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Merci de m'avoir lu jusque là. Ça n'enlève pas complètement la haine et la peine mais ça fait du bien. Si des personnes ressentent le besoin de parler, d'en discuter, n'hésitez pas, ne restez pas seul, ne vous renfermez pas, ne gardez pas ça pour vous, parlez-en autour de vous. Je vous fais de gros bisous et une grosse pensée aux familles, aux victimes, aux personnes présentes et à ceux qui, comme moi, sont affectés d'une manière ou d'une autre.

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