Un homme debout
Bonjour...
Je préfère vous prévenir tout de suite mon article n'a rien de joyeux, il n'est pas fait pour faire sourire ni rire. Je l'écris suite à la chanson de Claudio Capeo qui porte le même titre. Cette chanson m'a vraiment touché, je la trouve magnifique et prenante. Elle a pour sujet les sans abris. A vrai dire avant cette chanson je ne me sentais pas autant concernée, j'y pensais bien sûr, surtout l'hiver avec ce froid, mais comment dire... ça n'avait pas un aussi grand impact que maintenant à la suite des ces paroles. Il dénonce la vie quotidienne des sans abris, si ça peut avoir un impact sur nombreux d'entre nous, et je l'espère pas seulement sur moi, c'est une bonne chose.
Il y a plus de 112 000* sans-abris en France. C'est là que l'on se rend compte de la chance que l'on a d'avoir un toit, de quoi manger et un avenir pour nos enfants. A savoir que le taux de sans-abris s'est vu être multiplié par 10 en 3 ans. Malgré les aides données par l'Etat, seulement 29 500* ont un toit (SDF). Pas moins de 430* d'entre eux meurent de leurs conditions, et pas seulement de froid. On ne sent rend pas bien compte du nombre qu'il peut y avoir jusqu'à ce que l'on voit ces chiffres. Vous imaginez ? Plus de 110 000 !! Des hommes, des femmes, des enfants... Des gens comme vous et moi.
Combien de fois sommes-nous passés devant l'un d'entre eux en détournant le regard ? Est-ce vraiment pour ne pas qu'ils nous demandent de l'argent ou plutôt pour ne pas voir la vérité en face ? Triste réalité. Liberté, égalité, fraternité. Je ne vois rien de ça.
Ce qui est malheureux c'est que dans la société actuelle, nous ne savons plus faire confiance, comment être sûr que cette personne qui te regarde droit dans les yeux et demande une pièce soit sincère ? Ne vas-tu pas la retrouver 2 jours après en train d'attendre dans sa voiture que le feu passe au vert avec sa montre Guess qui brille à travers la fenêtre ? (J'exagère à peine) Et cette même personne va empêcher de vrais sans-abris de pouvoir s'acheter une baguette de pain, tout ça parce qu'elle a été malhonnête, et que toi, bien attentionné, tu as voulu l'aider et t'es senti trahi. Comment faire la différence entre ceux qui en ont vraiment besoin et ceux qui en veulent toujours plus ? Sommes-nous donc entourés que de masques et de supercheries ? Je suis tellement attristée.
Si je m'endors me réveillerez-vous ?
Apportons-nous de l'importance à ceux qui sont plus bas que nous ? Ne sommes-nous pas entourés d'égoïste qui ne savent pas regarder le monde autour ? Serons-nous là quand ils en auront besoin ? Sommes-nous là ? Juste un regard, un sourire, ils ne sont pas seuls, même si nous ne pouvons pas tous agir, il faut qu'ils sachent qu'ils ne sont pas seuls.
Il fait si froid dehors le ressentez-vous ?
Dans notre doudoune, bien emmitouflé dans une écharpe, un thermos de café tenu entre nos gants, ils nous regardent passés rêvant d'être à notre place, comme s'ils étaient dans un monde parallèle où seulement eux ressentent le froid de l'hiver. Pourtant, nous sommes tous égaux, non ?
Il fut un temps où j'étais comme vous
Parce qu'on ne naît pas sans-abris, on le devient. Pour X raisons, on ne choisit pas de le devenir, on le fait par nécessité. Et cette personne assise par terre dans le froid que vous méprisez avec tant d'injustice, elle était comme vous ; et vous, marchant droit en traversant le froid, vous pourriez être comme elle.
Malgré toutes mes galères je reste un homme debout
Ne l'oublions pas, les sans-abris sont courageux, même s'ils n'ont pas le choix ils affrontent leur quotidien, les tracas, les galères qu'ils endurent. Et les plus forts, malgré les épreuves endurées, sont toujours là, n'abandonnant jamais, et toujours prêt à sourire à la personne qui le lui rendra.
Priez pour que je m'en sorte, priez pour que mieux je me porte, ne me jetez pas la faute, ne me fermez pas la porte, oui je vis de jour en jour...
Le sans-abris ne pense pas à demain, il ne pense pas à ce qu'il va manger ce soir, il ne pense pas à ce qu'il fera dans deux jours, non, il pense juste au moment présent, à comment s'en sortir, à comment tenir le coup, et ça malgré que beaucoup d'entre nous leur "fermons la porte" et les jugeons.
De squat en squat en troubadour, si je chante c'est pour qu'on m'regarde, ne serais-ce qu'un p'tit bonjour. Je vois passer quand j'suis assis, vous êtes debout, pressés, j'apprécie un p'tit regard, un p'tit sourire ne prennent le temps, ne font courir.
Tout ce qu'ils demandent c'est un peu d'attention, qu'ils sachent qu'on les remarque, qu'ils ne sont pas seuls. Ils veulent une main tendue ou même un simple sourire voire un regard, juste pour qu'ils soient à égal de nous. Le fait qu'ils soient assis et nous debout est un signe d'infériorité, ils se sentent rabaissés, humiliés, montrons leur qu'ils sont comme nous, que nous sommes comme eux, ne les ignorons pas. Ils sont là à vivre leur moment, ne se souciant pas du reste, et nous, nous courons pour je ne sais quelle raison, ne profitons de rien, toujours pressés sans même se soucier des personnes qui nous entourent et qui ont besoin de notre aide.
Merci bien pour la pièce, en c'moment c'est dur je confesse, quand je vais m'en sortir je l'atteste, j'veux avoir un toit, une adresse, si de toi à moi c'est dur, je stresse.
Une pièce c'est quoi pour nous ? Mais surtout, c'est quoi pour eux ? L'espoir. Même si ce n'est que quelques centimes, quelques euros, pour un sans-abris, c'est un pas de plus vers l'espoir d'une vie meilleure. Certes ils ne sont pas tous comme ça, mais je pense que pour beaucoup d'entre eux ils continuent d'y croire et de rêver à un jour où tout cela sera derrière eux.
Le moral n'est pas toujours bon, le temps presse, mais bon comment faire à part l'ivresse comme futur et des promesses en veux-tu ?
Malgré les épreuves, ils continuent d'être là et d'espérer, même si au fond ils savent bien que leurs heures sont comptées. J'entend souvent dire que les sans-abris sont des alcooliques, mais j'aimerais bien te voir, toi qui dit ça, à leur place, je te vois mal boire un ice tea assis par terre dans le froid. L'alcool ça réchauffe physiquement et ça réchauffe aussi le coeur.
Voilà ma vie j'me suis pris des coups dans la tronche, sois sûr que si j'tombe par terre tout l'monde passe mais personne ne bronche. Franchement à part les gosses qui m'regardent étrangement, tout l'monde trouve ça normal que j'fasse la manche. M'en veuillez pas mais parfois j'ai qu'une envie, abandonner.
Encore une fois on voit bien l'infériorité d'un sans-abris, lorsqu'il tombe personne ne l'aide. Cela me rappelle une vidéo où un homme s'était fait passé pour un sans-abris et est tombé au milieu d'une rue bondée de monde, un nombre incontestable de personne sont passés à côté en le regardant mais n'ont rien fait. Puis le même homme a refait l'expérience cette fois-ci comme une personne aisée, il n'a pas eu à attendre longtemps avant que l'on vienne l'aider. Pourquoi cette indifférence ? Pourquoi cette inégalité ? Pourquoi ce mépris ? Pourquoi cette infériorité ? Nous sommes tous les mêmes au fond. L'apparence n'est qu'un fait, nous sommes ce qu'il y a au fond de nous.
*D'après l'article paru dans Le Monde le 30 décembre 2014.
Article très bien écrit dénonçant l'exclusion social. Très bonne idée de se baser sur cette magnifique chanson mettant le quotidien des sans-abris en avant. Ca fait longtemps qu'on attendait une. Et toi, Océane, sur ces paroles, tu fais passé un message important et essentiel avec de simples mots. Le message est en tout cas passé, j’espère que le plus grand nombres de personnes se sentiront concernés.Bravo pour ton article !
RépondreSupprimerMerci beaucoup ! Ton message me fait super plaisir encore une fois, merci de m'aider dans mon aventure et de me suivre au quotidien ! J'espère en tout cas faire réagir pas mal de personnes avec cet article.
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